Le Tarawih est une innovation ?

Le Tarawih est une innovation ?

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Dans le vaste et complexe domaine de la théologie islamique, la pratique des prières de Tarawih pendant le mois béni du Ramadan a été un sujet de débat continu. Pour certains, ces prières nocturnes sont une tradition enrichissante qui renforce la spiritualité et la communauté. Pour d'autres, elles représentent une innovation blâmable (bid'ah), une déviation des enseignements et pratiques établis par le Prophète Muhammad. Cet article cherche à explorer les origines, les implications et les opinions diverses entourant les Tarawih, en mettant un accent particulier sur les arguments qui les classent comme une innovation blâmable.

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Le Tarawih est une innovation ?
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Homme Musulman qui réfléchit sur la question du Tarawih, durant la nuit

Homme Musulman qui réfléchit sur la question du Tarawih, durant la nuit

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Mis à jour le Tue 02 Jan 2024 à 14:07

Chapitre 1 : La notion d'innovation en Islam, et spécifiquement sur le Tarawih

L'innovation (bid'a) dans le contexte islamique est un sujet de débat complexe. D'une manière générale, elle désigne toute pratique introduite dans la religion qui n'a pas de fondement dans le Coran ou la Sunna. Al-Ghazali, un érudit islamique, a affirmé que toute innovation qui s'oppose ou altère la Sunna est blâmable. L'argument central contre les Tarawih comme une innovation blâmable repose sur le fait qu'ils ont été établis postérieurement au Prophète.

Ghazali dit : « L’innovation blâmable est uniquement celle qui s’oppose à la Sunna ou qui mène à la changer »

Ibn Hajar al-Asqalani, Fath al-Bari fi charh sahih al-Boukhari : L’innovation (bid’a) est initialement ce qui a été inventé sans avoir de précédent. Dans la Chari’a, elle est considérée comme honnie, puisqu’elle s’oppose à la Sunna111.

Al-Shâfi'i nous a dit : « Les affaires innovées sont de deux types : l’une est une innovation qui contredit un élément du Coran, de la Sunna, de la pratique des Compagnons ou du Consensus. Cette innovation est un égarement. Seule l’innovation (bid’a) qui contredit la Sunna est blâmable ».

Dans le Sahih de Boukhari : 2697- Aicha – qu'Allah l'agrée – dit : « L'Envoyé d'Allah – qu'Allah prie sur lui et le salue – dit : Celui qui innove dans notre ordre-ci (l'Islam), ce qu'elle ne contient pas, aura commis ce qui doit être annulé ».

al-Kitab al-Musannaf fi-l- ahâdith wa-l- âthâr Abou Bakr Abdallah ibn Muhammad ibn Abi Chayba : Ibn Omar a dit : « Toute innovation est égarement quand bien même les gens la voient comme une bonne chose ».

En rapport ce qui vient d'être cité en termes de hadiths ou de athar, on se rendra très rapidement compte, qu'un point commun est constatable : Tous nous explique que ce qui contredit le Coran ou la Sunna, à savoir l'Islam, est une innovation au sens blâmable. Cela relève de ce qui doit être absolument annulé.

Et c'est en cela qu'il faille se rassembler en termes de compréhension, en dehors des points de divergence, qui ne feront que noyer le poisson dans l'eau.

Le Tarawih, comme nous l'affirmons, a été établi après la mort du Prophète. En effet, si l'on connaît que le Prophète a bien pratiqué des prières surérogatoires pendant la nuit et le jour, pendant et en dehors du mois du Ramadan, il n'en demeure pas moins qu'il ne les a jamais effectué en groupe, mais bien seul.

D’après Zaid ben Thabit : « Pendant le Ramadan, le Prophète se fit une cellule. Je crois bien, dit Bosr, rapportant ce hadith, que Zaid ajouta, avec une natte. Il fit la prière pendant quelques nuits. Un certain nombre de compagnons du Prophète ayant suivi sa prière, celui-ci, dès qu’il s’en aperçut, resta assis (et cessa de se montrer). Puis il alla vers ses compagnons et leur dit : Je connaissais bien les sentiments que votre conduite m’a manifesté. Dorénavant, ô fidèles, priez dans vos demeures, car la meilleure prière pour un homme est celle qu’il fait chez lui, à moins qu’il ne s’agisse de la prière canonique ».

Ce texte consolide que le Prophète faisait ces prières seul. Le texte affirme que ce sont les compagnons qui ont décidé d'eux-mêmes de prier derrière le Prophète, sans son consentement. D'ailleurs, ce consentement ne verra jamais le jour, puisqu'on apprend qu'à la suite d'avoir pris connaissance de l'agissement des compagnons, le Prophète les renvoya prier chez eux. Et cela jusqu'à sa mort.

L'enseignement étant donc de prier à la maison, sans pour autant être obligé de prier, l'obligation demeure en termes de lieu de prière. Effectivement, le lieu étant à la maison, le fait de prier ce qui ne ressort pas de l'obligatoire.

Ainsi, le fait de dire que le Prophète a pratiqué Tarawih est inexistant dans le Coran et la Sunna.

Chapitre 2 : Omar ibn Khattab et l'établissement des Tarawih

Omar ibn Khattab, le deuxième calife, est souvent cité pour avoir qualifié les prières de Tarawih de "bonne innovation" (nirma bid'a). Cependant, les savants expliquent qu'Omar utilisait le terme "innovation" dans un sens linguistique et non théologique, distinguant ainsi les innovations bénéfiques ou neutres de celles qui sont blâmables parce qu'elles s'opposent aux enseignements fondamentaux. Cette distinction est cruciale dans le débat, car elle établit une base pour argumenter que les Tarawih, bien qu'une pratique post-prophétique, peuvent ne pas constituer une innovation blâmable dans le contexte théologique.

« Une autre nuit, je sortis également avec Omar. Les fidèles priaient sous la direction de leur lecteur : « Quelle bonne innovation, s’écria Omar ».

L’innovation et son effet néfaste sur la communauté par Shaykh Salîm Al-Hilâlî, page 130 : « Lorsqu’Omar dit : « Quelle bonne innovation ! » Il faut comprendre le sens linguistique et littéraire du terme et non pas le sens religieux ».

Ceci est clairement faux car ce ne sont premièrement pas tous les savants qui ont cette opinion. Deuxièmement, tous les savants reconnaissent que depuis le jour où le Prophète a tenu les propos : « Priez chez vous… », plus aucun office n’a été accompli durant le mois de Ramadan dans la mosquée, et ce jusqu’au Califat d’Abou Bakr.

Dans le Sahih de Mouslim, Ibn Chihab dit : « Jusqu’à ce qu’Omar les rassemblât derrière Obayy ibn Ka’b, qui guida leur prière durant les veillées du Ramadan. Ce fut là la première fois que les gens se rassemblèrent derrière un seul lecteur pendant le Ramadan ».

L'histoire des califes de Abi al-Hassan Ali ibn Muhammad al-Rawhi : « Le premier à avoir rassemblé les gens sous la direction d’un seul lecteur durant le mois du Ramadan est Omar ».

L'histoire des prophètes et des rois de Abū Jaʿfar Muhammad Ibn Jarīr Ibn Yazīd, connu sous le nom de Tabari : « Et c’est lui (Omar) le premier à avoir rassemblé les gens (musulmans) sous la direction d’un seul imam pour accomplir la prière dite de Tarawih durant le mois du Ramadan » « Il adressa des lettres à toutes les villes des possessions musulmanes pour leur ordonner d’agir ainsi ».

L'histoire des califes (Tarikh al-Khulafat) de Jalaluddine As-Souyouti : Al ‘Askari dit : Omar est le premier qui a ordonné de faire des prières collectives pendant les nuits de Ramadan (Tarawih)

Ainsi, chez les historiographes et les recueils authentiques du hadith, il y a un avis prépondérant, mais méconnu par la masse musulmane, qui apporte le fait que l'action de Omar renvoie à ce qu'il soit le premier à avoir rassembler les gens derrière un seul imam pour prier en groupe la nuit durant le mois du ramadan. Par conséquent, cela relève de l'invention d'une prière collective pendant le mois ramadan étant admis qu'il est le premier. Le Prophète n'étant donc pas du tout au courant de cette prière.

Pour répondre à la question linguistique de l'innovation, il va de soi que cette prière est une innovation linguistique. Mais surtout et aussi religieuse que linguistique, car comme l'affirme les textes, elle n'a pas de précédent. S'agissant d'une prière nouvelle, elle s'oppose à la sunna du Prophète en se rajoutant au corps de l'Islam, ce dont elle n'avait rien à faire. Elle se doit donc d'être annulé.

Chapitre 3 : Arguments contre les Tarawih comme innovation blâmable

Le principal argument contre les Tarawih en tant qu'innovation blâmable repose sur les directives du Prophète. Le Prophète a spécifiquement ordonné de prier chez soi, à l'exception des prières obligatoires. Les Tarawih, étant des prières supplémentaires pendant le Ramadan, devraient donc, selon cet argument, être effectuées individuellement et non en congrégation. De plus, introduire une nouvelle forme de prière ou modifier les pratiques établies par le Prophète pourrait être considéré comme une transgression de ses enseignements.

Effectivement, et c'est le cas. Le TARAWIH est une innovation blâmable qui s'oppose à l'ordre du Prophète.

D’après Zaid ben Thabit : « Pendant le Ramadan, le Prophète se fit une cellule. Je crois bien, dit Bosr, rapportant ce hadith, que Zaid ajouta, avec une natte. Il fit la prière pendant quelques nuits. Un certain nombre de compagnons du Prophète ayant suivi sa prière, celui-ci, dès qu’il s’en aperçut, resta assis (et cessa de se montrer). Puis il alla vers ses compagnons et leur dit : Je connaissais bien les sentiments que votre conduite m’a manifesté. Dorénavant, ô fidèles, priez dans vos demeures, car la meilleure prière pour un homme est celle qu’il fait chez lui, à moins qu’il ne s’agisse de la prière canonique ».

Sans aller plus loin dans l'explication, ce hadith fait valoir un enseignement du Prophète sus-mentionné. Et ce dernier, confirme la transgression ou invalide la prière surérogatoire en groupe pendant ou en dehors du Ramadan. On ne peut s'opposer à l'enseignement du Prophète de manière théologique.

Chapitre 4 : Défense des Tarawih et leur place dans l'Islam contemporain

D'un autre côté, de nombreux savants et musulmans pratiquants voient les Tarawih comme une tradition enrichissante qui renforce la communauté et l'engagement spirituel pendant le mois de Ramadan. Ils soutiennent que, bien que les Tarawih n'aient pas été pratiqués par le Prophète lui-même, ils ne contredisent pas ses enseignements et offrent un moyen de se rapprocher de Dieu. Cette vue est renforcée par le fait que les Tarawih sont des prières non obligatoires et, par conséquent, leur pratique n'impose pas de changements aux rites établis par le Prophète.

Après tout ce que nous avons vu, que cela soit de l'innovation de Omar, ou encore de l'enseignement du Prophète, l'avis de certains savants nous importe peu. Premièrement, car cela reste seulement des avis. Deuxièmement, étant que ces avis contredisent l'ensemble des textes fondamentaux, mais aussi dans leurs propres avis, la parole du Prophète d'obliger les gens à prier à la maison nos prières complémentaires, sans pour autant être obligé de les accomplir. Le Prophète ordonne le lieu et la solitude dans la prière, et enseigne le caractère non obligatoire de les effectuer, puisqu'elles sont complémentaires.

Chapitre 5 : Conclusion et Réflexions Finales

Le débat sur les Tarawih en tant qu'innovation repose sur une compréhension profonde de la théologie islamique, de l'histoire, et de la pratique religieuse. Tandis que certains les considèrent comme une innovation blâmable qui s'oppose aux enseignements du Prophète, d'autres les voient comme une pratique bénéfique qui enrichirait l'expérience spirituelle des musulmans. En fin de compte, la question de savoir si les Tarawih sont une innovation blâmable ou une tradition valorisée dépend de l'interprétation individuelle des textes sacrés et des enseignements du Prophète, ainsi que du contexte culturel et historique dans lequel cette pratique est observée.

SOit vous prnez clairement les textes, soit vous tordez les textes. Le Tarawih est une innovation, une désobéissance au Prophète. A vous de choisir entre obéissance et désobéissance. Tout le reste n'est que futilité.

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