Quelle est l'origine de la prière de Tarawih ?

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Quelle est l'origine de la prière de Tarawih ?

L'origine de la prière de Tarawih est controversée. Selon la tradition sunnite, la prière de Tarawih a été instituée par le Prophète Mohammed lui-même. Néanmoins, dans la tradition sunnite, l'origine de la prière de tarawih n'est pas univoque.

La tradition sunnite

Dans les textes de sources sunnites et authentiques, différentes origines sont relatés de la prière de Tarawih. Du moins, au regard de l'interprétation des textes selon certains savants, la prière de Tarawih est bien attribué au Prophète Muhammad. Néanmoins, selon d'autres savants, la prière de Tarawih n'a jamais été vécu, ni connue du vivant du Prophète Muhammad, mais est apparue après la mort du Prophète de l'Islam, sous le califat de Omar ibn al-Khattab.

Les textes de sources dits "sunnites"

Plusieurs textes de sources sont à présenter et à relater, afin de déterminer l'origine du Tarawih.

Les premiers textes qui supportent la thèse selon laquelle le Prophète Muhammad a instituée la prière de Tarawih sont les suivants :

D'après Abou Hourayra : « Celui qui prie la nuit durant le Ramadan avec foi et en espérant la récompense, ses péchés précédents pardonnés »

Aïcha a raconté que : « L’Envoyé de Dieu sortit une fois en pleine nuit et alla prier dans la mosquée. D’autres personnes firent la même prière que lui. Le matin, les fidèles s’entretinrent de cet événement et (la nuit suivante) un plus grand nombre d’entre eux firent la prière avec le Prophète. Le matin, les fidèles s’entretinrent encore de la chose et la troisième nuit un plus grand nombre de fidèles allèrent à la mosquée. Le Prophète se rendit au milieu d’eux et les fidèles suivirent sa prière. Quand vint la quatrième nuit, la mosquée put à peine contenir les fidèles. Mais le Prophète ne sortit que pour la prière du matin. Lorsqu’il eut achevé la prière de l’aube, il se tourna vers les fidèles, prononça la profession de foi et dit ensuite : Je n’ignorais pas votre présence, mais j’ai craint que cette prière ne devînt pour vous une obligation que vous ne pourriez pas toujours remplir ».

2013- Abou Salama ben Abd-ar-Rahman a interrogé Aicha - qu'Allah l'agrée-: « "Comment était la prière de l'Envoyé d'Allah -qu'Allah prie sur lui et le salue- durant ramadan?" Elle dit :" Durant ramadan et en dehors de ce mois, il ne dépassait jamais les onze rakats, et il faisait quatre, et ne m'interroge pas sur leur perfection et leur durée, puis il faisait quatre, et ne m’interroge pas sur leur perfection et leur durée, puis il faisait trois, et je dis : O Envoyé d'Allah! Ne dors-tu pas avant que tu ne pries le witr?" Le Prophète dit: " O Aicha, si mes yeux dorment, mon coeur au contraire, ne dort pas." »

Les autres textes authentiques qui supportent la thèse selon laquelle la prière de Tarawih n'a jamais été vécue, ni été connue par le Prophète Muhammad :

Zaid ben Thabit – qu'Allah l'agrée – dit : « L'Envoyé d'Allah – qu'Allah prie sur lui et le salue – plaça une natte qui le séparait des gens. Comme il y faisait des prières, quelques hommes cherchèrent à l'imiter et se mirent à le suivre dans ces prières. Une nuit, ils se regroupèrent, mais l'Envoyé d'Allah – qu'Allah prie sur lui et le salue – ne sortit pas les voir. Ils élevèrent la voix et frappèrent la porte avec quelques cailloux. L'Envoyé d'Allah – qu'Allah prie sur lui et le salue – sortit les voir en colère et leur dit : Votre insistance (à faire ces prières) me pousse à croire qu'elles deviendraient obligatoires. Priez donc dans vos maisons ! Car la meilleure des prières est celle que l’on fait chez soi, sauf pour ce qui est des prières obligatoires ».

D’après Zaid ben Thabit : « Pendant le Ramadan, le Prophète se fit une cellule. Je crois bien, dit Bosr, rapportant ce hadith, que Zaid ajouta, avec une natte. Il fit la prière pendant quelques nuits. Un certain nombre de compagnons du Prophète ayant suivi sa prière, celui-ci, dès qu’il s’en aperçut, resta assis (et cessa de se montrer). Puis il alla vers ses compagnons et leur dit : Je connaissais bien les sentiments que votre conduite m’a manifesté. Dorénavant, ô fidèles, priez dans vos demeures, car la meilleure prière pour un homme est celle qu’il fait chez lui, à moins qu’il ne s’agisse de la prière canonique »

2009- Abou Horaira – qu'Allah l'agrée – a rapporté que l'Envoyé d'Allah – qu'Allah prie sur lui et le salue – dit : "Celui qui accomplit ramadan en prières (de nuit) avec foi et bonne conjecture aura le pardon pour ses fautes passées". Ibn Chihab dit : « "A la mort de l'Envoyé d'Allah – qu'Allah prie sur lui et le salue – les choses étaient dans le même état, puis elles l'étaient pendant le califat d'Abou Bakr et au début du califat de Omar – qu'Allah les agrée tous deux. »

2010- Abd-ar-Rahman ben Abdulqary dit : « "j'étais allé avec Omar ben al-Khattab - qu'Allah l'agrée - lors d'une nuit de ramadan, et les gens y étaient en groupes dispersés, là un homme qui accomplissait sa prière en solitaire, la bas un autre homme qui priait, et à sa suite un groupe (des gens), et Omar dit: "Je pense que si je réunis ceux-là sous la direction d'un seul récitateur, cela serait mieux." Et il s'était décidé et avait rassemblé (les gens) sous la direction de Obay ben Ka'b, puis j'étais sorti avec lui une autre nuit; alors que les gens priaient sous la direction de leur récitateur, et Omar dit : "Que cette innovation est bonne. Et la prière qu'ils accomplissent après qu'ils ont dormi est mieux que celle qu'ils accomplissent avant qu'il ne dorment." Il voulait dire:" la prière de fin de nuit, et les gens priaient la prière (de nuits en groupe) jusqu'au bout de la nuit." »

Deux interprétations opposés sur l'origine de la prière de Tarawih

La première interprétation de certains savants affirment que le Prophète a pratiqué cette prière en rapport à plusieurs textes de sources relatés. Voici leur interprétation des textes :

  • Le Prophète prie seul.
  • Les compagnons rejoignent le prophète pour prier avec lui.
  • Le Prophète prie en groupe avec eux.
  • Il leur conseille de pratiquer cette prière en groupe, mais sans être obligé de la pratiquer.
  • Il n'indique pas à la communauté de prier un nombre exact de rakat, mais Aicha indique que le Prophète prie 11 rakats pendant et en dehors du Ramadan

La deuxième interprétation de certains savants affirment que le Prophète n'a pas pratiqué la prière de Tarawih, mais qu'elle est apparue sous le califat de Omar ibn al-Khattab

  • Le Prophète prie seul.
  • Des compagnons prient derrière le Prophète, sans que le Prophète le sache.
  • Dès que le Prophète a connaissance que des compagnons prient derrière lui, le Prophète s'arrête de pratiquer sa prière seul.
  • Des compagnons voulant prier derrière lui alors que le Prophète ne sort plus, élèvent la voix et frappent à sa porte avec des cailloux.
  • Le Prophète sort en colère.
  • Il explique qu'il les a vus prier derrière lui, et ordonne à la communauté de prier à la maison les prières non obligatoires.
  • Les compagnons suivent l'ordre du Prophète de prier à la maison les prières non obligatoires, sans être obligé de prier.
  • Le Prophète meurt. Au début du Califat de Omar, Omar ibn al-Khattab institue la prière de Tarawih.

Ainsi, nous avons deux origines différentes. Une qui affirme que le prophète a bien effectué la prière de Tarawih. Une autre qui affirme que le Prophète n'a pas pratiqué le Tarawih, et qu'elle a été instituée postérieurement à la mort du Prophète, sous le califat de Omar ibn al-Khattab.

Deux livres Sahihs, pour deux interprétations opposées

À travers les mêmes livres de sources, la dissension sur l'origine du Tarawih est établie. On remarque que les textes ne se contredisent pas, mais néanmoins, certains textes manqueraient soit de pertinence, soit d'éléments consistants qui aboutiraient à une conclusion formelle.

Dans la première interprétation, on soulève plusieurs incohérences :

  1. Le texte de Abou Hourayra ne parle pas du Tarawih. Ce qui est très étrange, relève de l'interprétation de certains "savants", qui aboutissent à la conclusion que le Prophète a prié Tarawih.
  2. Le texte de Aicha manquent d'éléments consistants et apportent des éléments qui soulèvent des interrogations. Ce qui est inconsistant : le texte affirme que le Prophète ne s'est pas présenté devant les fidèles, qu'il est arrivé au milieu des gens à l'aube, et qu'il a craint que cette prière devienne une obligation, au point que les fidèles ne puissent l'accomplir. Ce qui soulève des interrogations étant le fait qu'il n'ignorait pas leur présence

Plusieurs questions :

  1. Comment interpréter un texte dont le mot Tarawih est inexistant ?
  2. Comment se fait-il que le Prophète disent aux fidèles qu'il a craint que cette prière devienne obligatoire ?
  3. Comment se fait-il qu'il se présente en affirmant aux fidèles qu'il n'ignorait pas leur présence ?

Toutes ces réponses ne peuvent être prises en tant que réponses valables, sans avoir d'autres textes de sources qui font comprendre la réalité de l'histoire. On comprend rapidement que des éléments sont manquants pour aboutir à une conclusion certaine.

Pour exemple, pouvons-nous répondre avec ces textes que le Tarawih a été pratiqué par le Prophète, alors qu'il dit lui-même qu'il n'ignorait pas leur présence ? Cette parole semble étrange, au regard du texte de source, sans éléments complémentaires.

Deuxième exemple, étant que le Prophète a craint que cette prière devienne obligatoire. Sans élement complémentaires, ces paroles semblent étrangères, puisque nous ne comprenons pas pourquoi le Prophète peut craindre quelque chose alors qu'il serait l'initiateur de la prière de Tarawih ? Un prophète ne peut pas craindre d'une pratique que lui-même enseigne.



Dans la deuxième interprétation, les incohérences de la première interprétation trouvent des réponses dans la deuxième interprétation :

  1. On apprend dans les textes que le Prophète n'a pas connaissance du Tarawih.
  2. On apprend qu'il n'est pas au courant que des compagnons prient derrière lui.
  3. On apprend que des qu'il s'aperçoit de la pratique des compagnons, il cesse de prier.
  4. La réponse à la question sur la crainte que cette prière devienne obligatoire prend sens. Puisque le prophète n'étant pas au courant, il peut craindre que ce que les gens font devienne obligatoire.
  5. La réponse à la question sur le fait qu'il dise qu'il n'ignorait pas leur présence prend sens, puisque les textes nous affirment qu'il n'avait pas connaissance que des compagnons étaient venu prier derrière lui. Et ce n'est qu'après qu'il l'a su. Ainsi, le fait de dire au gens qu'il savait qu'ils étaient derrière lui, présente le Prophète comme un homme qui priait la nuit seul et qu'il est totalement détaché de la pratique des compagnons.
  6. On apprend que le Prophète se dissocie de la pratique qu'on lui attribue, puisque lui-même dit "votre pratique". Ce n'est donc pas la sienne.
  7. On apprend que le Prophète résoud la crainte de voir les compagnons repratiquer ce qu'ils ont initié, à savoir de leur ordonner de prier à la maison les prières surérogatoires et de venir uniquement à la mosquée pour les prières obligatoires.
  8. On apprend que le Prophète est mort et que les compagnons ont toujours pratiqué comme le prophète leur enseignait.
  9. Ce n'est que sous le califat de Omar, que l'origine du Tarawih apparaît, par son institutionnalisation de prier en groupe à la mosquée durant les nuits du Ramadan.

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